Chers lecteurs,
avec un noyau de blogs amis, nous avons décidé dinterpeller ouvertement les trois principaux candidats à la présidentielle. Nous reproduisons ici le texte ainsi que ses signataires, texte que nous publions tous imultanément.
Nous vous invitons à diffuser, buzzer, publier ce texte, pour que léthique de responsabilité soit au coeur du débat. Il suffit de le publier sur votre blog pour être membre de lADN, et mettre en lien un des huit sites fondateurs (cf. en bas de page) ou de joindre lun des huit signataires (pour nous : contact@politiquecafe.com) ou le mail collectif (appeldunet@gmail.com).
Ce texte a été envoyé aux médias et aux adresses électroniques des candidats Royal, Bayrou et Sarkozy.
Nous attendons leur réponse
Lettre ouverte aux candidats à lélection présidentielle
LAppel du Net (ADN) à Ségolène Royal, François Bayrou et Nicolas Sarkozy.
Parmi les différents candidats qui se sont déclarés prêts à concourir la prochaine élection présidentielle, vous êtes les plus crédibles pour accéder à la magistrature suprême en raison de votre expérience, de votre crédibilité ou des intentions de vote. Dans quelques mois, lun ou lune dentre vous sinscrira dans une longue lignée de dirigeants qui prend sa source avec Clovis.
Nous sommes des blogueurs anonymes, des citoyens intéressés par le monde et la politique, soucieux de létat de leur pays. Nous nous efforçons, par nos analyses et nos commentaires, déclairer les enjeux, dapprécier vos propositions et de dégager le sens de cette campagne. Si la plupart dentre nous ne sont pas engagés dans un parti politique, nous sommes en revanche tous des observateurs attentifs et exigeants du débat public. Votre début de campagne, où chacun dentre vous promettait, qui le changement, qui la rupture, nous a donné loccasion de parler réellement de politique.
Hélas, nous constatons que cette campagne perd chaque jour un peu plus en substance et nous craignons quelle ne finisse par senliser dans la tourbe qui a perdu tant de précédents rendez-vous électoraux. Le débat se résume de plus à plus à des petites phrases, des dénigrement sectaires et systématiques de vos adversaires, et à une multiplication de discours catégoriels destinés à flatter vos clientèles supposées, tout en faisant limpasse sur les grands enjeux de ce début de siècle.
Vous être en train de vous laissez aller à une « starcadémisation » de la compétition électorale, soigneusement entretenue par des médias, plus soucieux de stimuler leur audimat que de contribuer à la formation du jugement du citoyen.
Certes, vous pourrez probablement gagner en 2007 comme dautres avant vous ont gagné, au terme dune campagne dimage et centrée sur votre personne ou le rejet de ladversaire. Ce ne serait cependant pas un service qui vous rendrez à notre Pays. 2007 nest en effet pas une campagne comme les autres. En ce début de siècle,
<personname productid="la France"></personname>la France se trouve confrontée à dimmenses défis qui conditionneront son avenir, auxquels le nouveau Président devra faire face et quil ne pourra pas traiter dans le dos du peuple qui la élu.
En 2007, la France fait face à une mondialisation qui transfère inexorablement le travail -y compris désormais le travail qualifié- dans les pays à bas salaires et organise lévasion de nos capitaux. Notre modèle social est menacé par le libre-échange qui fait pression sur les salaires et la concurrence fiscale et sociale qui paupérise lEtat.
En 2007, lEurope est en panne depuis le non au référendum sur le projet de traité constitutionnel, sans quaucun dirigeant français ait jusquici traduit lexpression populaire et la en projet alternatif.
En 2007, la France aborde le défi du vieillissement sans disposer des marges de manuvre nécessaires au financement des retraites du papy boom ou à la prise en charge de la dépendance et ce dans le contexte dune dette faramineuse.
En 2007, lécole nest plus le creuset républicain dautrefois. Elle fabrique chaque année une armée de jeunes sans qualification ayant pour seule perspective de vivre toute leur vie de revenus dassistance. Elle est lécole de la désintégration sociale, de la violence, et du repli identitaire. LEnseignement supérieur délivre des diplômes dévalorisés qui ne permettent plus aux jeunes de sinsérer comme leurs aînés sur le marché du travail. LUniversité nest pas armée pour faire face à la course mondiale à linnovation.
En 2007, la France voit sa petite agriculture péricliter, son industrie agoniser, ses villes moyennes et ses zones rurales se vider de leurs forces vives, ses banlieues senfermer dans une culture de la révolte, de la violence et de la haine de lautre.
En 2007 la société française, tétanisée par langoisse et labsence de perspective collective, se fragmente en une somme dindividus, de corporations et de communautés, chacun repliés sur leurs problèmes. Les classes populaires nont plus que le choix entre lassistanat et la précarité. Les classes moyennes se sentent paupérisées par la pression fiscale et la hausse des loyers. Les cadres sont écoeurés et épuisés par les nouvelles règles du capitalisme financier qui exige deux toujours plus defforts au profit exclusifs dactionnaires anonymes et apatrides. Les classes aisées font sécession et ne voient plus davenir que dans lexil professionnel ou fiscal hors de nos frontières.
En 2007, la France nest plus seulement soumise à une fracture sociale entre ceux qui sont inclus dans le système économique et ceux qui en sont exclus ou en marge, elle est désormais aussi atteinte dune fracture générationnelle qui concentre le patrimoine, les hauts salaires et les revenus du capital dans les mains des seniors, pour réserver aux jeunes lintégralité des coûts de ladaptation au nouvel ordre économique, les maigres salaires, les loyers élevés, les diplômes dévalorisés, et la précarité de lemploi.
En 2007, les fonctionnaires se sentent détestés, les professions libérales déclassées, les chômeurs stigmatisés, les populations dorigine immigrées discriminées, les chefs dentreprises incompris, les ouvriers sacrifiés.
En 2007, lEtat est à la fois obèse et impotent. Nos institutions ne parviennent plus à créer de la légitimité suffisante pour engager la moindre réforme de structure. La décentralisation est devenu un mille feuilles, opaque et dépensier où nul nest responsable de rien. LEtat-providence na jamais été aussi généreux pour des résultats jamais aussi faibles, quand ils ne sont pas contre-productifs.
En 2007, la France cherche sinterroge sur son avenir. Son salut se trouve t-il dans léconomie de la connaissance, dans laccroissement des inégalités entre des emplois à haute valeur ajoutée et ceux qui survivront par la redistribution ? Entre quelques métropoles fortement tertiarisées et des territoires laissés à labandon ? Va-t-elle se contenter dêtre une nouvelle Floride de lEurope qui accueillera les retraités de tout le continent ?
<personname productid="la France"></personname>La France pourra t-elle maintenir ses solidarités et son idéal égalitaire ?
La campagne électorale de 2007 exige un débat public sur la situation de la France, ce qui fait ses atouts et ce qui la menace. Elle exige un vrai débat sur le modèle de société auquel nous aspirons et celui auquel nous pouvons encore prétendre. Elle exige un débat sur les efforts que nous devrons faire, collectivement et individuellement, pour recréer un chemin vers lavenir.
En tant que candidat à la magistrature suprême, il vous appartient daffronter ces questions avec courage et lucidité ; votre responsabilité est de proposer un nouveau pacte pour la France, afin que lélection présidentielle puisse engager le pays sur la voie dun nouvel horizon collectif et traduire un nouveau départ dans le 21ème siècle.
Nous vous invitons donc à prendre quatre engagements :
- Renoncer aux petites phrases, à lexploitation systématique des micro-erreurs de vos adversaires, et de vous concentrer sur votre propre projet de société, vos propositions, votre vision de la France et de son avenir.
- Vous adresser aux citoyens en leur proposant un projet collectif pour lensemble de <personname productid="la Nation"></personname>la Nation, et ne pas segmenter dans vos propositions la population en clientèles, en corporations, ou autres titulaires de créances réelles ou supposées à légard de la collectivité.
- Présenter un programme réaliste sur le plan budgétaire compte tenu de létat des finances publiques et des marges de manuvre réelles, aborder les questions budgétaires et fiscales de manière globale, et non pas seulement sous langle de promesses plus ou moins tenables à légard de telle ou telle catégories de contribuables ou dallocataires.
- Proposer une expression de la voix de <personname productid="la France"></personname>la France à destination de linternational sur les sujets qui la dépasse mais sur lesquels elle ne peut pas rester silencieuse : la relance de la construction européenne, les déséquilibres financiers et industriels grandissant de léconomie mondiale, le libre échange et ses conséquences sur les pays européens qui ne peuvent lutter sans perdre leur âmes avec les géants démographiques dAsie, lessor du capitalisme financier qui accumule des montagnes de profits sans pour autant créer de richesses pour les populations ou les défis du changement climatique et de laprès pétrole.
Soyez à la hauteur de lenjeu.
Soyez dignes de la charge à laquelle vous aspirez.
Faites vivre la République !
Faites vivre la France !
Politique Café, pour lAppel du Net
Les signataires fondateurs :
- Frednetick
- Dialogismos
- Charles de Jusquici Tout va bien
- Le Roi Bourdieusien de Pensées rebelles
- Malakine de Horizons
- Seb de Ca réagit
- Toréador
- Léquipe fondatrice de Politique Café
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